Huile sur toile, 46 x 65 cm – Collection particulière
Dans un entretien avec Monique Pandraud en 1989, Richarme évoque la difficulté des marines :
« J’ai trouvé la marine très poétique. Je la trouve très aimable. Mais quand je me suis mise à la faire, cela ne m’a paru ni poétique, ni aimable, ni facile à faire.
Bonafé est venu me voir. On a parlé d’art, et je lui disais que la marine, c’est une chose tellement floue, j’avoue que c’est difficile. — « Oh, me dit-il, je comprends ! Pensez, la marine, c’est une horizontale, deux petites obliques, et c’est tout. Il faut meubler tout ça. »
Quand j’ai pris la résolution de ne faire que des marines, je me suis dit : « Est-ce que j’aurai la force, les moyens, le talent de susciter un intérêt à partir de cette horizontale et de ces deux petites rames ? » Il fallait, quand même, des compartiments entre chaque. Un, deux, trois, quatre. Il fallait trouver un intérêt, et ça m’a beaucoup préoccupée pendant ma préparation d’exposition. A chaque toile, je me disais : « Qu’est-ce que je vais mettre, là, pour les agiter un peu ? Pour que ça ne soit pas statique ? Pour que ceci, pour que cela ? » Alors, ça m’a intéressée parce que non seulement je les ai faites comme œuvres plastiques, mais j’ai été très intellectuelle pour pouvoir faire ça.
Avant de les réaliser, j’ai beaucoup inventé pour savoir quel sentiment ou quelle attitude je pouvais traduire avec telle ou telle ligne. Et il est certain que les lignes parlent. Elles ont toutes un langage. L’horizontale, c’est la souplesse, c’est le sommeil, c’est la tranquillité. La diagonale, c’est l’épée dans le dos, c’est la bagarre. La courbe, c’est la grâce, c’est l’ornement, c’est l’amabilité. Et dans chaque objet, il y a tout ça. Un bateau de pêche qui passe avec une voile comme ça, c’est extrêmement grâcieux »
Colette Richarme