L’aventure des marines commence dans les années 1980 pour s’achever une dizaine d’années plus tard avec l’exposition d’une trentaine de toiles un an avant son décès. Richarme est alors dans la pleine possession de son art et peut enfin relever un défi qui couvait en elle depuis les années 40, et qu’elle exprime dans un poème de 1947 :
…Du moi marin l’abîme incommensurable en sommeil
Colette Richarme
Je voudrais aussi faire naître la merveille…
Dans un entretien avec Max Rouquette en 1984 elle dit : « En décidant de peindre des marines, j’ai pensé à la construction. Je me suis dit que la construction serait l’intérêt de ce travail. Alors j’ai trouvé ces diagonales qui étayaient ces marines. Sous les brumes, l’écume ou les nuages il y avait mes lignes, qui faisaient que ce n’étaient plus les marines de tout le monde. J’étais ravie de voir que j’arrivais à garder une certaine dureté tout en représentant du vague… J’avais l’impression de dominer quelque chose. Là-dessus, j’ai visité l’exposition Turner, à Paris. Quel a été mon ahurissement, dans ces trois étages du Grand Palais… Dans toutes les toiles, je voyais tout ce que j’avais mis en pratique chez moi. J’étais abasourdie. Ce fut un bonheur merveilleux. »
30 marines différentes pour jouer avec les lignes et les couleurs et deux d’entre elles pour jouer uniquement avec les horizontales.
JL Bourges dans son article pour le double coffret « Colette RICHARME, une artiste en quête d’absolu » paru en 2023 explique : « Comment dès lors traduire les mouvements qui animent cet espace sans recourir à d’autres lignes que des horizontales qui génèrent une impression de stagnation, d’immobilisme et de lourdeur, et qui s’accordent mal à l’univers marin ? Tout va se jouer dans la combinaison subtile des couleurs, dans l’effacement des lignes naturelles des nuages, de l’horizon et de la surface de l’eau grâce au « passage » mais aussi par un travail tout en délicatesse pour traduire les reflets du soleil sur l’eau ou dans le ciel. Il n’est plus question alors que de gris-bleu-mauve pour les nuages, de bleu outremer pur sombre pour l’espace de la mer, de gris tendre pour le haut du ciel… autant de couleurs transfigurées par les jeux de transparences et de lumière. »
2ème marine horizontale, 1986- 46×65 cm